incredible india [2]
Sher
khan est -il en train de devenir une image de litterature? On peut le craindre
tant ses collegues vivent une vraie tragedie. Il y a environ un siecle on
estimait la population des tigres en Inde a 40 000 individus. En 1970 quand le
pays se dote du "projet tigres" on estime leur nombre a 1827. Le
dernier recensement des gros chats, en 2006 indiquait que leur nombre
etait tombe a 1411. Actuellement les projections sont vues a la
baisse. Dans les 37 reserves naturelles ou ces felins doivent etre proteges
de tous les predateurs ils ne seraient plus que 1300. La reserve de Panda a
perdu les 24 pensionnaires dont elle s'enorgueillissait aupres des touristes
qui payaient - et continuent de payer comme nous avons pu le constater lors de
notre passage vers kahjurao-.. pour aller voir les charmants minois des
gros minous, de loin et de preference en saharienne Cerutti.. Celle de Sariska
en 2005 a connu le meme sort : ses 35 specimens ont tous disparus. La reserve
de Namdapha, dans l'etat d Arunachal Pradesh avait 12 tigres en 2006. Depuis
on n'a plus de nouvelle d'un seul felin. Pas une trace a se mettre sous
les pas. La reserve de Dampa s'estime heureuse avec ses 2 tigres. Celle
d'Indravat a Chattisgarh est occupee par les rebelles maoistes... Peu d'espoir
non plus du cote des reserves de Palaman et Simplilal dans l'Orissa. Dans le
Maharastra la reserve Kanha a constate la mort de 6 tigres depuis novembre
2008. Alors quel est ce mal etrange et recurrent qui frappe les descendants de
Sher Khan? Dabord un constat. Si le nombre de tigres diminue leur prix
augmente. Sur le marche international le prix de la peau d'un
tigre s'achete 10 000 dollars. Un bol de soupe de penis de tigre - vous
savez bien, celui qui decuple la puisance sexuelle des hommes - se vend plus de
300 dollars et la moindre cuilleree du fabuleux breuvage qui fait de chaque
homme une bete sexuelle se vend 20 dollars. Decoupe en morceaux pour fabriquer
des produits medicaux dans les pharmacopees asiatiques la bestiole au pelage
raye se vend 50 000 dollars. Et c'est la qu'apparaissent les Chinois. Acheteurs
inveteres de tigres pour leur medecine traditionnelle ils dirigent la
manoeuvre, en l'occurence le braconnage affirme Beloinda WRIGHT de la Wild life
protection society of india (WPSOI). "Pour cela les braconniers utilisent
la route du Nepal comme passage vers la Chine". Le gros chat est donc une
affaire de gros sous. Mais il y a pire -si c'est possible. La societe indienne
dans sa frenesie de consommation de quatrieme puissance economique mondiale developpe
ses villes et ses routes. Elle planifie egalement la deforestation. Ce
developpement urbain fait reculer les sanctuaires des tigres, reduit
drastiquement leurs zones de chasse et l' importance de leur habitat. Pourtant
il suffirait de presque rien pour sauver ces adorables betes a rayures puisque
l'espace necessaire a la survie de ces quadrupedes n'a pas besoin de depasser 2
pour cent de la superficie totale de l'Inde. Tout ce dont ces charmantes
creatures ont besoin ce sont 35 000 km2 inviolables. Mais c'est la
qu'interviennent les autorites indiennes. Elles ont fait passer une loi en
2006 qui accordent aux tribus defavorisees ( encore pire que les
sous-classes) le droit de cultiver les forets. Des milliers de
personnes bousculent les sanctuaires des felins et toute la vie primaire
des forets. Et le tigre est a nouveau malmene au nom d'une juste cause. On
s'emeut malgre tout en haut lieu et on precise nonobstant, que les tigres
doivent etre proteges. Mais le mal est fait une nouvelle fois. Alors on reagit
a nouveau et on cree la "Tiger protection force". On la dote d'un
budget de 8 millions d'euros mais cette force n'a ni entrainement ni equipement. En dehors du traditionnel
"lathi" ( long baton) elle possede 315 fusils aussi vieux
que le plus vieux de ces petits hommes verts ( moyenne d age + de 50 ans).
Depuis plus de 10 ans il ny a eu aucun recrutement. Ces agents ne maitrisent
pas les procedures legales lorsqu'ils arretent un braconnier. Dans 90 pour cent
des cas ceux-ci sont relaches. Aujourd'hui un autre danger fait son apparition
: celui du tourisme de masse qui occasionne ses ravages a coups d'appareils
photos et cameras. Les touristes parcourent sans vergogne les reserves et mettent
a mal les sanctuaires de tigres. Alors trop tard pour les petits fils de Sher
Khan? Si certains experts estiment qu'on ne peut endiguer le fatal declin,
d'autres restent optimistes. Pour eux ce dont les tigres ont avant tout besoin
c'est de protection au-dessus de leurs rayures, d'un peu d'eau et beaucoup de
prieres...
On
peut aussi croiser les doigts.. et pourquoi pas demander a raymond Domenech
d'eviscerer un crapaud pour lire l'avenir de nos beaux et gros matous dans ses
tripailles (incredible francia ) . On peut auussi suggerer d' aller reveiller
R. Kipling pour qu'il puisse imaginer une suite optimiste a son fameux roman.
Allez, Incredible India