des ghats...encore
Il pourrait y avoir du
bruit mais alors ce serait un tintamarre. L'Inde ne sait pas vivre en
silence. Simplement il s'agit des scansions tambourinantes et
metronimiques de battoirs qui s'abattent sur le linge. Ils tombent de
la hauteur des bras des femmes qui les tiennent et les abaissent, les
tiennent et les abaissent; les abaissent. C'est a tous les coups qu'ils
frappent. Ils se helent dans l'echo de leur cadence, ils se repondent
dans le tempo de leur resonnance. On cherche en vain un chef
d'orchestre pour comprendre ces lavandieres, involontaires
musiciennes aux pognes serrees sur les battoirs qui decochent en
rafales des notes identiques sur une portee univoque, la meme depuis
des siecles.
Leurs savons sont bleus, leurs savons sont blancs. Ils frottent morbleu, ils etrillent en rangs.
Des enfants jouent : ce sont leurs cris qui les identifient parmi les
monceaux de linge. Et leur ombre les suit dans des jeux improvises.
Les hommes sont plus
loin, disperses sur les ghats. Leur lessive se fait a la main ; elle
n'est pas malhabile, simplement plus fragile. Elle se fait en silence,
hesitante, comme timide.
Un vendeur de the passe; il voudrait qu'on offre du the aux saddhous et pour la cela il est meme pret a doubler son prix. Mais en Inde on n'offre rien. A personne. Tout s'achete. On offre seulement aux dieux, on le fait rapidement. Nul besoin de s'attarder. On le fait un point c'est tout. Et on continue son chemin.
Si vous etes riche c'est tout pareil mais a la fin sur le haut des ghats vous retrouvez votre voiture; les pauvres vous ne les aurez pas vus : votre voiture est trop grosse.
Sur les marches vous aussi vous les avez remarquees, les hardes au sol ce sont eux ; ni hommes ni dieux; simplement des gidouilles silencieuses sous les cieux. Ces horipeaux, ces guenilles, ressemblent a des bourgerons de forcats raidis par des annees de crasse.
Ailleurs on celebre un chemin de croix. En Inde on ne celebre pas la misere car alors on passerait son temps a ca.
On
pourrait prendre les chiens pour les emmmener plus loin, surtout
eloigner leurs aboiements. Mais les mettre ou puisquíls sont deja
partout.?
Sous
le pont, pres du deversoir des hommes jouent aux des. Enfin on ne peut
pas en etre certain car ils sont loin, on ne distingue pas bien, il
faudrait se rapprocher, fendre la foule, mais la chaleur....alors a
distance on se demande si un coup de des peut abolir le hasard.
On en voit d'autres arriver. Ils sont un groupe. A les regarder marcher on s'inquiete d'une chute car alors elle serait terrible, leurs pas sont tellement incertains. Ils sont ages, c'est la nouosite de leur genoux qui le dit.
Il y a le monde et il y a eux. Le monde les entoure et pourtant ils sont loin. Ils ignorent le reel parce qu'ils sont dans le vrai. Dans cette alchimie ils oublient la terre et les gens, ils oublient le monde et les vivants. Un oubli sans reve dont rien ne peut les tirer. Sur les marches la foule les protege de sa multitude. Elle est bruyante, ils sont le silence. (Ils pourraient mendier le tumulte qu'ils l'obtiendraient.) Ils avancent mais ils n'appellent pas le nombre a leur aide. La foule est coloree et ce qu'ils voient est diaphane. Elle est kyrielle quand ils ont choisi la solitude. Ils vont bientot descendre les marches. Ils le feront dans la lenteur de leurs annees. Pour l'instant c'est une diversite humaine qui se deplace ; elle glisse sans se perdre dans ses files.
Ces hommes avancent et leurs rangs sont chaotiques. Ils chaloupent et ce sont des calvities qui brillent. Patine ou use, ni stupefait ni contri, pas encore rafistole leur visage a la beaute de leur serenite. A peu pres ce qu'un enfant verrait dans une lanterne magique.
Presque nus ils descendent ; aucun empois, aucune gene, ils sont legers comme de la cendre. Sur les marches rien ou suspendre des regrets, du cafard, de la melancolie. A defaillir d'extase deja ils le pourraient. Ils avancent. C'est une gratitude obscure et fervente qui progresse en saccades dans des marches dorenavant trop hautes a leurs jambes cabossees. Un fredon les accompagne dans leur lente et longue descente tandis que leur ombre oblique et brisee sur les marches se rassemble, se detache. Elle les suit partout puisque c'est une compagne quotidienne. Elle acceptera pourtant un moment d'infidelite, fugace lorsqu'ils s'immergeront. Seulement a cet instant ils se separeront. C'est peu pour toute une vie.
Rien n'aurait pu arreter ces hommes : ils etaient une puissance qui ne connaissait pas sa force. Ils auraient pu etre une prophetie, apres tout ce sont des hommes, ils en ont les moyens. Leur paradis se trouve apres l'ultime marche, margelle divine. C'est la purete de leur ames qu'ils sont venus chercher, un adoubement spirituel qui n'appartient qu'a eux. IIs sont la preuve (ontologique?) d'un illimite silencieux. Leurs dieux sont tout pres dans leur invisibilite. C'est une proximite divine que l'on devine. Aucune theurgie la-dedans.
Tout autour la vie ne
s'arrete pas, elle est osmose comme elle est inequation. Elle continue
dans son quotidien, elle continue dans leur indifference. Sur les ghats
elle a construit une absence : c'est la qu'ils sont desormais. Rien ne
pouvait endiguer ce passage. A demi denudes ils sont deja dans l'eau.
Plus rien ne compte pour eux. Leurs preoccupations sont celestes et
quand ils emergeront le monde n'aura pas change. Ils s'offriront a lui
dans une purete qu'ils ne soupconnaient pas. Les ghats changent les
hommes, ils ne modifient pas le monde. Ils le retrouveront purifies.
Lui trouveront-ils des excuses? Eux simplement auront change et ils
patienteront. L'optimisme est-il dans le destin ou le chaos ? Ensuite
les choses seront ce qu'elles seront.
Au bout du regard
quelques arbres dont les ramures bruissent des souvenirs, des
histoires, des rencontres, des mensonges, des regrets et des projets
: tout ce qui suffit a vous remplir l'ordinaire d'une vie humaine.
Une prosodie parcourt les ghats et le temps n'a plus cours. Ces hommes sont arrives ailleurs. Ils nous attendent.
NB ce texte ne
concerne pas les ghats de Varanasi bien sur il s'agit d'un texte pour
d'autres ghats, d'une autre ville - haridwar- mais vous nous
pardonnerez cet embrouillamini du voyage en ces temps de fournaise....
on a aussi du mal avec l'ordinateur. Le theatre espagnol du 19eme
siecle demandait a ses spectateurs de pardonner les fautes de l'auteur
a la fin de chaque representation. Avec la modestie que requierent ces
miettes, je vous demande donc votre indulgence..
incredible india [3]
Le 3 decembre 1984, Mashtaq AHMED venait davoir 20 ans. Cette meme nuit du 3 decembre, dans sa ville natale de Bhopal 40 tonnes d'isocyanate de methyle s'echappent des cuves de l'usine americaine d'Union Carbide. Le vent pousse le nuage vers la ville. Dans la panique les gens sont pietines par ceux qui tentent de fuir. D'autres desorientes, affoles se precipitent vers le nuage de gaz. Prevenues, les ediles locaux ont eu le temps de se mettre a l'abri. incredible India.
Le gouvernement indien tarde a publier les chiffres fatals. Puis se resoud apres quelques jours a donner un bilan de 3828 deces. Il ne dira rien des norias de camions qui evacuerent les cadavres enterres ensuite dans des fosses communes. Qui peut bien aller reclamer les corps des gens entasses dans les bidonvilles ? Ils n'ont jamais ete recenses, cest pas a cette occasion qu'on va le faire.
Aujourd'hui le bilan de cette nuit d'horreur est estime a 20 000 morts. Plus de 800 000 personnes souffrent de maladies diverses. 10 ans apres cette catastrophe un rapport medical international reconnaissait que la population de Bhopal souffrait d'une "affection de longue duree entrainant une deterioration du systeme immunitaire conduisant a une propension a la tuberculose et aux troubles respiratoires" (auxquels s'ajoutent le diabete, l'hypertension et les maladies dermatologiques.) Les enfants nes apres ce 3 decembre souffrent de malformation congenitale, leur cage thoracique sont anormalement petites. Un autre rapport sur l'origine de la fuite du gaz souligne les graves negligences au niveau de la maintenance dans l'usine ainsi que des mesures de restrictions budgetaires liees a des mesures d'economies.... de 70 dollars par jour.
Arrive sur les lieu du drame 3 jours apres , le PDG d'union carbide Warren Anderson est arrete. mais il sera relache quelques heures apres.. Jamais il ne reviendra en Inde. Le gouvernement indien sera clement dans sa crainte de donner une image deplorable du pays aux eventuels investisseurs.
Face au scandale et au laxisme d'etat, des associations et des militants s'organisent. Le gouvernement doit suivre. Il le fera a l'indienne c'est a dire toujours a petits pas. Trois milliards de dollars sont exiges de la firme U.S. Seuls 470 millions seront verses au terme d'un chantage qui aura fait trainer toutes les procedures engagees. Cette aumone dechargeait Union carbide de toute responsabilite dans la catastrophe et toutes les inculpations d'homicides etaient officiellement annulees.
Sept ans et 2000 nouveaux deces supplementaires apres, on apprenait que 90 millions de dollars avaient ete verses a 10% des victimes. Ces sommes ont ete obtenues au terme d'un long et penible proces ralenti par des manoeuvres dilatoires, administratives, visant a nier leur qualite de "victimes".
Et le combat continua. En 1999 des survivants aides par des ong locales engagerent aux USA un nouveau proces (une class- action) au terme duquel la societe et son PDG furent reconnus coupables d'avoir " viole les lois internationales et les droits humains". C'est tout.
En 2001 Union Carbide est rachetee par Dow Chemical. Ce rachat ralentit encore le processus d' indemnisation des survivants ainsi que les proces en cours. Aujourd'hui acheteur et vendeur continuent de nier toute responsabilite dans la fuite du gaz. Pourtant quelques temps apres cette fuite, Union carbide s'etait engagee a construire un hopital ou les victimes seraient soignees gartuitement. Cette meme annee il a fallu toute la pugnacite des militants d'associations et une greve de la faim de 19 jours pour que le gouvernemnt demande l'extradition de Warren Anderson qui vivait sa retraite sous le soleil de Floride. Bien evidemment le gouvernement US a refuse cette extradiction. et bien evidemment le gouvernememt indien n'a pas proteste, il a enregistre ce refus.
Et W. Anderson en a profite pour disparaitre.
Et c'est a Long Isalnd, a New york que les militants de Green Peace le retrouve. Les ong de Bhopal relancent alors les autorites. Las ! L'attorney general indien qui instruit cette affaire estime qu'Anderson age de 80 ans est trop vieux, qu'il vaut mieux pour sa sante abandonner toute demande d'extradiction ainsi que tout nouveau proces.
Aujourdhui l'hopital existe ainsi qu'une clinique asociative. Elle soccupe de plus de 200 malades chaque jour. Toutes victimes de la fuite de gaz. Mais c'est a l'hopital que s'est presente Mashtaq, tellement il souffrait de douleurs abdominales. Reins atteints, estomac touche il lui faut 3 dialyses par semaines ( il ne peut plus travailler). Aux admissions on le conduit. On lui conseille d'aller se faire soigner ailleurs, forcement a ses frais car dans l'unite de gastrologie il n'y a aucun medecin pour s'occuper de lui. Mais il persiste et attend ; il attendra pendant 12 heures qu'on veuille bien s'occuper de lui. Il mourra le lendemain de son arrivee sur le sol de l'hopital qui devait le soigner gratuitement.
Aqueel a 29 ans. Iui aussi a besoin de 3 dialyses hebdomadaires. Il a du se contenter de 10 seances. Il a egalement besoin d'injections d'hemoglobine une fois par semaine. Chaque piqure lui coute 1300 roupies ( environ 20 euros). Pour se soigner il a "fait le choix" de s'endetter. Actuellement sa dette s'eleve a 800 000 roupies (environ 12000 euros).
25ans apres la tragedie, les malades sont encore frappes d'interdits. Ils ne sont pas pris en charge par l'hopital dont cest la vocation. Le scandale est patent. Le budget initial de cet etablissement etait de 50 millions de dollars ; aujourd'hui il a pratiquement double. Les interets de ce pactole avoisinent les 8 millions d'euros sans que l'on sache ou ils sont passes. A l'hopital les unites de nephrologie et d'urologie ne disposent que d'un seul medecin ; celle de neuroplogie n'en a aucun. Il n'y a pas de medicaments, pas de lits pour les malades.
Dans la ville de Bhopal, plus de 250 000 personnes ont ete contaminees par les toxines de mercure et de goudron infiltrees dans le sol. Les pluies les y ont concentrees. Dans les "bastis" (bidonvilles) proches de l'usine, les puits d'eau sont signales comme dangereux. On transporte donc l'eau potable mais en quantite insuffisante. Alors les habitants des bastis continuent d'utiliser pour leurs besoins domestiques cette eau polluee. La catastrophe de 1984 perdure donc, comme perdurent mais a la hausse les benefices de Everyday-industries
filiale indienne de Dow Chemical qui vend dans toute l'Union indienne les piles fabriquees dans ses usines.
Le combat pour les morts de la catastrophe et pour les survivants atteints dans leur chair continue. le 30 juillet 2009 devant les murs de l'usine d'union carbide une manifestation a eu lieu. Avec force cris de colere et a coups de chaussures les manifestants ont conspue l'effigie de W. Anderson. Bien sur ils ont aussi conspue l'imperitie du gouvernement indien et demande a nouveau un proces ou siegerait lancien PDG. Encore un detail : depuis sa creation l'hopital qui doit soigner gratuitement les victimes des 40 tonnes de gaz est place sous la tutelle de la cour supreme indienne. Incredible India.
incredible india [2]
Sher
khan est -il en train de devenir une image de litterature? On peut le craindre
tant ses collegues vivent une vraie tragedie. Il y a environ un siecle on
estimait la population des tigres en Inde a 40 000 individus. En 1970 quand le
pays se dote du "projet tigres" on estime leur nombre a 1827. Le
dernier recensement des gros chats, en 2006 indiquait que leur nombre
etait tombe a 1411. Actuellement les projections sont vues a la
baisse. Dans les 37 reserves naturelles ou ces felins doivent etre proteges
de tous les predateurs ils ne seraient plus que 1300. La reserve de Panda a
perdu les 24 pensionnaires dont elle s'enorgueillissait aupres des touristes
qui payaient - et continuent de payer comme nous avons pu le constater lors de
notre passage vers kahjurao-.. pour aller voir les charmants minois des
gros minous, de loin et de preference en saharienne Cerutti.. Celle de Sariska
en 2005 a connu le meme sort : ses 35 specimens ont tous disparus. La reserve
de Namdapha, dans l'etat d Arunachal Pradesh avait 12 tigres en 2006. Depuis
on n'a plus de nouvelle d'un seul felin. Pas une trace a se mettre sous
les pas. La reserve de Dampa s'estime heureuse avec ses 2 tigres. Celle
d'Indravat a Chattisgarh est occupee par les rebelles maoistes... Peu d'espoir
non plus du cote des reserves de Palaman et Simplilal dans l'Orissa. Dans le
Maharastra la reserve Kanha a constate la mort de 6 tigres depuis novembre
2008. Alors quel est ce mal etrange et recurrent qui frappe les descendants de
Sher Khan? Dabord un constat. Si le nombre de tigres diminue leur prix
augmente. Sur le marche international le prix de la peau d'un
tigre s'achete 10 000 dollars. Un bol de soupe de penis de tigre - vous
savez bien, celui qui decuple la puisance sexuelle des hommes - se vend plus de
300 dollars et la moindre cuilleree du fabuleux breuvage qui fait de chaque
homme une bete sexuelle se vend 20 dollars. Decoupe en morceaux pour fabriquer
des produits medicaux dans les pharmacopees asiatiques la bestiole au pelage
raye se vend 50 000 dollars. Et c'est la qu'apparaissent les Chinois. Acheteurs
inveteres de tigres pour leur medecine traditionnelle ils dirigent la
manoeuvre, en l'occurence le braconnage affirme Beloinda WRIGHT de la Wild life
protection society of india (WPSOI). "Pour cela les braconniers utilisent
la route du Nepal comme passage vers la Chine". Le gros chat est donc une
affaire de gros sous. Mais il y a pire -si c'est possible. La societe indienne
dans sa frenesie de consommation de quatrieme puissance economique mondiale developpe
ses villes et ses routes. Elle planifie egalement la deforestation. Ce
developpement urbain fait reculer les sanctuaires des tigres, reduit
drastiquement leurs zones de chasse et l' importance de leur habitat. Pourtant
il suffirait de presque rien pour sauver ces adorables betes a rayures puisque
l'espace necessaire a la survie de ces quadrupedes n'a pas besoin de depasser 2
pour cent de la superficie totale de l'Inde. Tout ce dont ces charmantes
creatures ont besoin ce sont 35 000 km2 inviolables. Mais c'est la
qu'interviennent les autorites indiennes. Elles ont fait passer une loi en
2006 qui accordent aux tribus defavorisees ( encore pire que les
sous-classes) le droit de cultiver les forets. Des milliers de
personnes bousculent les sanctuaires des felins et toute la vie primaire
des forets. Et le tigre est a nouveau malmene au nom d'une juste cause. On
s'emeut malgre tout en haut lieu et on precise nonobstant, que les tigres
doivent etre proteges. Mais le mal est fait une nouvelle fois. Alors on reagit
a nouveau et on cree la "Tiger protection force". On la dote d'un
budget de 8 millions d'euros mais cette force n'a ni entrainement ni equipement. En dehors du traditionnel
"lathi" ( long baton) elle possede 315 fusils aussi vieux
que le plus vieux de ces petits hommes verts ( moyenne d age + de 50 ans).
Depuis plus de 10 ans il ny a eu aucun recrutement. Ces agents ne maitrisent
pas les procedures legales lorsqu'ils arretent un braconnier. Dans 90 pour cent
des cas ceux-ci sont relaches. Aujourd'hui un autre danger fait son apparition
: celui du tourisme de masse qui occasionne ses ravages a coups d'appareils
photos et cameras. Les touristes parcourent sans vergogne les reserves et mettent
a mal les sanctuaires de tigres. Alors trop tard pour les petits fils de Sher
Khan? Si certains experts estiment qu'on ne peut endiguer le fatal declin,
d'autres restent optimistes. Pour eux ce dont les tigres ont avant tout besoin
c'est de protection au-dessus de leurs rayures, d'un peu d'eau et beaucoup de
prieres...
On
peut aussi croiser les doigts.. et pourquoi pas demander a raymond Domenech
d'eviscerer un crapaud pour lire l'avenir de nos beaux et gros matous dans ses
tripailles (incredible francia ) . On peut auussi suggerer d' aller reveiller
R. Kipling pour qu'il puisse imaginer une suite optimiste a son fameux roman.
Allez, Incredible India
incredible india [1]
c'est le slogan- si jose dire - mais je sais bien que peu d'entre vous parlent le gallois-- que les indiens et leur ministere du tourisme ont trouve pour vanter le beau et grand pays. avec un serie d'affiches allant du tigre au Taj Mahal d'Agra et autres celebrites nationales. bon moi jai aussi ma petie serie d'images, d'instantanes de l'Inde et ca c'est aussi incroyable.
Ayodhya !
Qand on est a Lucknow c'est facile d'aller a Ayodhya. Il n'y a que
120 km, c'est a dire 5h de bus non climatise, local donc. Ayodhya
signifie ne peut etre detruite par la guerre. La legende veut
que Rama y soit ne. La realite a fait que les Moghols y ont construit
une mosquee en 1528.
La vie dit que les Indiens sont tres tolerants, les livres aussi.
C'est ecrit partout et moi je lis n'importe quoi.
En 1992 sur fond de tension
communautaristes crees artificiellement par les membres du BJP en perte
de vitesse politique, des manifestations eclatent dans le pays. Elles se
concentrent dabord a Ayodhya ; pres de 200 000 personnes venues de
toute l'Inde s'y regroupent. Elles detruisent la vieille mosquee et les
morts se comptent par dizaines. La poudre mauvaise s'est repandue dans
le pays, elledebute par le Gujara avec l'assaut donne a un train
d'hindous qui revenaient d'Ayodhya : plus de 200 morts. D'autres villes
connaissent pareilles echauffoures fatales. Pour apaiser les foules en
folie une commission d'enquete est creee. Puis une autre commission qui
doit etablir la chronologie religieuse des lieux saints... On connait
les mots de Clemenceau sur les commissions. Donc ca enquete encore a
l'heure actuelle. En hindi on dit santi
santi.
Ayodhya est une jolie petite ville. Personne ne vous ennuie quand
vous vous baladez dans les ruelles du bazar ecrasees par le soleil, on
ne vous regarde meme pas en coin, seulement on est curieux d'y voir un
blanc,un Roumi agreablement surpris meme.C'est juste complique pour aller voir les les lieux de la chose redevenus lieux
saint pour les hindous. Des centaines de soldats et soldates lourdement
armes, gilets pare-balles, grillages, tourniquets, fouilles au coprs,
detecteurs de metaux sont alors a votre menu.
J'ecris ces lignes
apres ma visite dans cette ville que je ne regrette pas car il m'est
revenu a l'esprit dans le tempo qui me ramenait a la gare de
bus qu'un candidat president voulait developper chez nous le
communautarisme. Les apprentis-sorciers quand ils se mettent a jouer
avec le feu on devrait s'en mefier. La preuve par la burqa ?
adieu l'ami
Une paire comme ca yen avait pas deux sur la route. Jamais on ne
nous aurait vu l'un sans l'autre, l'autre sans l'un. Voyager de la sorte
a deux ca cree plus que des liens ; une relation comme celle ci n'est
pas jetable comme un morceau de tissu. Le matin c'etait un plaisir de le
toucher : on passerait la journee ensemble. Une autre suivrait; l'un
dans l'autre ce serait du bonheur. On voyait l'un, l'autre n'etait pas
loin. On etait faits l'un pour l'autre : ca je l'ai deja dit. On etait
comme qui dirait inseparables. D'ailleurs c'est simple pour nous separer
il aurait fallu nous passer sur le corps. Et le soir lui comme moi,
quand c'etait les pays chauds qu'on voyageait dedans, on ecoutait les
geckos. Ensuite c'etait la nuit et ses mysteres. Et on s'endormait; lui
dormait a plat, jamais en boule.
Il ne prenait pas plus que sa
place, sa modestie me plaisait. Il etait facile, aerien, pas
contrariant. Cette legerete la me convenait a merveille. Il
etait de tous les departs; pour aucun retour il n'a regimbe.
Toujours
a son aise, toujours modeste. On a pu le decrier, critiquer son
intranquillite, le dire inelegant, le moquer meme, ca oui je l'ai
entendu; les gens sont betes,c'est pour ca qu'ils sont mechants.
Facile,
pas contrariant qu'il etait. Il sortait partout sans barguigner. Actif
des le matin, c'est a peine s'il ralentissait vers les midi et le soir
c'est pas lui qui se serait plaint de sa journee. Car il allait, tel
etait son credo. On pouvait le rencontrer sur les marches car ils les
adorait, dans les gares a patienter, autour des bus. Parfois dans les
manifs, une vieille culture qu'il avait conservee. Il est meme alle
rencontrer dans son bureau un ministre important d'un pays qu'on dit pas
important. Il n'hesitait pas a entrer dans les magasins, plus pour
beneficier de l'air conditionne que pour y effectuer des achats et meme
dans les restaurants un peu classieux
pour lui: il s'accordait de temps a autre un petit plaisir, sans honte,
les veilles de retour surtout. Les moussons il les traversait comme peu
savent le faire, apres il n'avait plu (!!!) qu'a secher. Et il le
faisait vite. Vite lave, vite seche
aurait-il pu dire et moi j'aurais pu ajouter vite repasse. Mais ca c'est affaire d'opinon. D'ironie
entre nous.
Il aurait pu etre funambule : vous lui auriez tendu
une corde que hop, il se serait installe dessus, a cheval, ( je
m'autorise cette catachrese, il la merite bien) et mollement suspendu
il se serait balance dans les fremissements de lair d'un ventilateur.
On
pouvait maigrir sur la route, ce n'est pas lui qui s'en serait froisse.
Et
puis quand ca survient ca vous arrive dessus sans prevenir. On pensait
pas que ca pouvait se produire, on n'y pensait meme pas c'est sur. Et du
coup on est
surpris, abasourdi, effare : c'etait donc possible une chose comme ca.
Ce fut dabord une dechirure. oh pas enorme, un rien ( les couples dans
leur vie a deux savent bien gerer cela). Mais quand meme. Plus qu'un
pincement au coeur, un effarement. A sa vue une douleur meme. Et si
d'autres allaient suivre ?
D'autres ont suivi. Une par ci, une par la, ca devenait une hemorragie, ca s'arretait pas, que c'etait pas pensable. Pourtant je faisais mes sept possibles pour circonvenir cette berezina la. Mais rien n'y faisait, la breche etait ouverte, elle ne se refermait pas. C'etait un hallali auquel j'assistais. J'ai consulte autour de moi, j'ai fait appel a des specialistes de la chose, je me suis entretenu avec les meilleures conseilleres, j'ai tout tente pour retarder l'echeance, oui je peux le dire j'ai tout fait, tant je ne pensais pas que ce pouvait m'arriver une chose pareille. Mais tous, oui tous et toutes ont ete unanimes, sans equivoque,c'etait bien la fin a laquelle j'assistais. Des annees de vie commune allaient se terminer. Vulgairement.
Il ne me restait qu'a decider du moment et du lieu. Car je le voyais bien la, sous mes yeux, pour rapiecer cela rien ne serait possible. Le mal etait profond, abyssal. Ya pas de mots pour dire des douleurs comme ca et c'est tant mieux car cela galvauderait ces moments et ce serait pas juste. Une douleur comme celle la doit rester unique.
Trop vieux ,voila qu'il etait devenu trop vieux. Use par les ans, affaibli par les pluies, fatigue par les soleils d'afrique et d'asie mon short venait d'arriver au terme de son existence, de la notre.
Trop vieux pour etre encore rapiece, ca ne tenait meme pas la journee, ca se dechirait a cote, ailleurs. Du bricolage que ca devenait a la longue... Du pas serieux qui ne nous convenait pas...
Notre separation je l'ai choisie, le lieu, le moment et le pays aussi. Ca s'est fait dans la douleur, muette comme on dit dans les livres qui parlent de ca, je veux dire de la douleur intime. Je l'ai pose mais pas par terre, en hauteur, encore sur un fil; je me suis dis comme ca qu'avec le vent ca devrait pouvoir bien aller entre ces deux ci, des histoires encore a raconter, des errances a profiter, des caresses de zephir et je ne me suis pas retourne. Ca faisait trop mal.
de la difficulte d'etre pandore
Si
vous aviez dans l'intention de devenir un pandore en inde vous verriez
que c'est pas facile; meme que c'est un metier. Qui requiert des
qualites que tout le monde n'a pas, ce qui le rend si difficile. Il a
ses exigences.
Pour l'exercer au mieux de l'interet general bien
compris il faut :
1) etre capable de rester assis sans rien faire, mais absolument
rien, sur la meme chaise chaque jour que votre service vous le demande.
2) etre capable de dormir sur cette meme chaise des heures mais pas
d'affilee - ce qui complique la chose.
3) posseder un ventre enorme qui sache se reposer sur une solide
ceinture de cuir.
4) savoir pivoter avec celerite des que surgissent d'eventuels
plaignants que vous avez decide de ne pas rabrouer car c'est trop
fatiguant et foncer vous refugier ailleurs, loin de leur vue. et de
leurs recriminations...
5) rester stoique quand des gens-surement des agents provocateurs
au service du pakistan ou des touristes (dans ce cas vous ignorerez
l'anglais-) vous posent des questions dans la rue, parfois sous le
soleil ,sans vergogne.
6) savoir se regrouper avec des collegues, c'est a dire s'asseoir
ensemble et laisser croire a des esprits chagrin, des gens mediocres
forcement et meme des jaloux du prestige de l'uniforme- que vous
discutez de tout ce qui concerne pas la securite de la population ainsi
que des problemes afferents a la circulation urbaine.
7) etre suffisamment costaud pour porter un talky walky qui ne
fonctionne pas- mais attention a une eventuelle lordose qui vous
menerait droit a un arret de travail.
8) savoir en fin de mois surtout, utiliser votre sifflet pour
arreter les chauffeurs. Si vous ne savez pas pourquoi eux en auront une
idee-fause evidemment et discuter face a la population qui sait elle de
quoi il s'agit, le montant de l'amende; celui ci sera revu a la baisse
et finira pour des raison de securite dans votre poche.
9) Ne pas vous aventurer sous le soleil pendant vos heures de
service.
10) en cas d'embouteillage vous saurez vous retenir et n'irez pas
vous precipiter betement au milieu des voitures dangereusement conduites
et dans les fumees nefastes a votre sante. Vous laisserez les
automobilistes se debrouiller sans vous et vous serez surpris de leurs
possibilites a gerer ce qui de prime abord semblait inextricable.
11) pour la repression dans les manifs: la jouissance sera la, au
bout de votre lathi (*). Dans ce cas vous veillerez a ne pas entretenir
la difference entre hommes et femmes- la societe indienne etant
parfaitement inegalitaire- cela ne concerne pas le peu qui se trouve
sous votre calot.
Et le soir en rentrant a la maison vous pourrez enfin liberer cette
tension qui sera restee en vous toute la journee en donnant des ordres
qui seront excecutes avec celerite par votre epouse qui ne bronchera
pas, sensible qu'elle est au prestige de l'uniforme et aux menaces,
voire aux torgnolles.
(*) long baton en bambou - voire dorenavant
en plastique, -et oui tout se perd- qu'utilisent les flics pour
tabasser les civils et ca fait mal quand vous en recevez des coups dans
les tibias par exemple ou sur le dos..
Pholan Devi
( suite de la serie les femmes celebres en inde.) (2eme episode)
On la connait tous. C'est la reine des bandits. Re-voici son histoire pour celles et ceux qui l'aurait oubliee.
Elle est nee dans une basse caste. A onze ans on la marie a un homme de 31 ans. Qui la battait. Jusqu'ici rien d'anormal ni d'original en inde. Mais elle se revolte deja. Pas facile quand le sort des femmes est dans la soumission depuis des siecles (sort bien entretenu par les femmes elles memes). Elle engage la lutte malgre son origine qui voudrait qu'elle reste a sa place c'est a dire en bas de la societe. Opiniatre elle ne lache rien malgre les menaces de toutes sortes et son statut qui en soumet bien d'autres qu'elle... Elle gagne un proces dans son village. Les policiers en represailles la convoquent et... la violent; chose courante ici surtout si on appartient a une basse caste (qui croit-on dans ce cas?). Puis toujours a cause de ce proces elle est enlevee et ses kidnappeurs la violent a leur tour... mais en public et pendant plusieurs jours. (N'oubliez pas on est en Inde.) Aucun de ses tourmenteurs n'a ete inquiete par la justice. Un an apres elle avait tue 22 d'entre eux. Elle passe donc a la clandestinite. D'ou son surnom.
Au cours d'expeditions punitives elle vole au secours des femmes battues, violees, opprimees, brulees vives pour une dot impayee ou insuffisante, pour une incapacite a donner naissance a un garcon, pour faciliter un remariage du mari; etc etc etc.
On l'arrete quand meme alors qu'aucun de ses violeurs n'a encore ete inquiete par la justice lente, lente mais lente de ce grand pays. Jugee pour le meutre de 70 hommes...elle croupit 11 ans en prison. Liberee en 1994 elle passe a l'action legale et devient deputee. Le 23 juillet 2001, en rentrant de l'assemblee nationale, elle est abattue devant chez elle de 6 balles de revolver. Arretes ses assassins avoueront avoir voulu venger les 22 premiers violeurs.
On ne connait pas a ce jour le verdict de la justice indienne. Mais en l'attendant on peut lire le livre Devi la reine des bandits d'Irene Frain.
VARANA SIX
Elle
concerne le Gange et je l'avais oubliee. Aussi je vous la livre un peu
decalee mais si vraie.
Aucun
microbe qui se respecte ne saurait vivre dans une eau pareille
anticipait deja Mark Twain.
varanasi [5]
Ce quil y a de bien aussi a varanasi c'est les cyclo-pousse. Mais c'est dur hein pour les vieux, rapport a la chaleur. Ils pedalent eux et c'est rien dans la topette. Et leurs mollets, pas de coqs. Des fils, qu'on dirait du verre, prets a casser. Hier c'etait bien : la mairie avair decide de nettoyer ses ecuries d'Augias alors les rickshaws se ont mis en greve. Ca va bien durer 3 ou 4 jours, c'est beaucoup et lamarechaussee fatiguera vite. Puis tout reprendra, comme avant puisqu'on est en Inde. Hier donc les rues etaient calmes, apaisees, du jamais vu. A part les sonnettes des cyclo, y avait pas de bruit. Leurs sonnettes elles sont grosses, doubles je crois, fixees sur la fourche de la roue avant de leur tricycle. Le cyclo pousse te roule il ne te vole pas lui. Pas comme le rickshaw pret a toutes les concupiscences pour gagner des roupies; il t'entasse dans son engin a des 8 , 9 et 10; se degonfle pas pour en mettre 12 parfois- on les a comptes-, alors c'est dangereux et pour la bien de la population il faut sevir car force reste a celui qui la detient. Aujourd'hui les pandores verbalisent, lathi d'une main et escopette dans l'autre. En meme temps il y avait l'autre greve, la vraie, la serieuse, contre les prix qui montent au-dela des sommets des temples. Ca aussi ca vous vide les rues surtout quand brulent les bus... Donc la ville etait calme des le matin. On pouvait marcher ou on voulait et meme sur les trottoirs, c'est dire la place qu'on avait. Et surtout, surtout plus de klaxons, rien, le bonheur a l'etat sonore. On entendait a nouveau les corneilles et on s'est surpris a trouver leurs croassents jolis ; on entendait aussi le flip flap des tongues; du bonheur oublie sous les pieds ressurgissait. La greve ca a du bon, je l'ai toujours dit. Puis soudain une voiture est passee et elle a klaxonne. On n'a pas bouge, la rue qu'elle etait a nous. Comme d'habitude le type a insiste, on les connait, on n'a pas bouge alors il s'est faufile. C"est pas parce que tu trimballes ton mort sur la galerie de ta voiture, direct pour la cremation que tu as tous les droits, ya aussi les vivants dans la vie. On ne lui a pas pardonne. Les indiens se croivent tout permis...Parceque ce qu'ils font sur les routes... je veux pas denoncer facilement mais quand meme yaurait a dire et a redire. Tiens leur permis ils l'obtiennent ou dabord? Donc les cyclos... ca pedale, ca transpire, ca dit rien, ca crie pas, ca tempete pas. C'est calme. Ca te vole pas. C'est les memes grosses gouttes de sueur qui tombent en silence de leur front. Ca reconnait des copains et ca se cause d'un cyclo a l'autre, mais pas beaucoup, deux mots par ci, a peine trois par la car faut garder son souffle dans la pollution, les fumees et etre vigilent car les autos ca peut te renverser aisement si le gars est en colere et te casser tes roues quapres t'as plus assez de roupies pour les faire reparer. Aujourd'hi les cyclo-pousse se font pas de souci, sont en roue libre en quelque sorte. Demain ils sont certains que le foutoir habituel reprendra, la greve ca va pas durer et la police va se fatiguer, car c'est du stress la greve pour eux a etre debout comme ca des heures d'affilee. Pour les cyclos demain sera encore la course ou la vie.
Varanasi [4]
Des femmes. Sur les ghats elles ont droit a LEUR ghat. C'est dire
si elles sont gatees. Mais elles peuvent aussi aller avec les
hommes...Elles seront aussi gatees. Quoiqu'il en soit celles ci ce matin
sont entre elles. Elles se contorsionnent; c'est une sarabande de
bleu, de vert, de mauve qui virevolte, qui tourne et s'etale, se repand
dans le jaune, le violet et le safran. Dabord le haut, le plus facile
car on a ses deux mains de libre puis le bas sans lacher tout a fait le
haut. Des marches on voit bien que deux mains n'y suffisent pas. Mais on
ne peut les aider. Les voila enfin revetues de leur tenue de bains
locale, c'est a peine si un bout de bras denude depasse. Les habits de
ville sont deposes sur une modeste
estrade ad hoc. Tout ca en papotant. Elles se baignent, ne nagent pas.
Dailleurs ou l'auraient-elles appris ,elles ne sont pas des garcons
elles. La tete est restee hors de l'eau pour les plus agees. On prie
-des ablutions dans les regles de l'art- et on discute, des copines
probablement. La tete des autres est aspergee, le corps immerge, les
mains se rejoignent dans la forme d'une conque, les yeux sont fermes, on
sent que l'extase n'est pas loin. On disparait dans l'eau sacree, on
ressort, on replonge et on ressort. Ce ne sont plus des femmes, ce sont
des zebulons. Et c'est
fini.
On ressort et on remonte jusqu'a l'estrade. Commence
le re-habillage sans essorage mais toujours avec du babillage. Le haut
d'abord. Ah! cette bretelle qui ne veut pas glisser et qui
s'entortille,qui s'enroule, alors on rit fort, mais on est quand meme un
peu genee, quand il faut tenir le bas afin qu'il ne glisse pas et que
des hommes passent plus haut. Un sein s'echappe, vite rattrape et remis a
sa place. Puis on se tourne, on se vire, on se baisse, on passe un pied
et la jambe suit, reste l'autre; tout ca en tenant encore le haut,
enfin la taille. Dernieres contorsions, derniers tortillements. Ca y
est, on respire, c'est fait. C'est un ouf silencieux qui ne remonte pas
les marches des ghats. Tout est rentre, passe, remis en place, a sa
place. De la pudeur la dedans. On peut s'asseoir et reprendre les
causeries. Le bain est fini.